L’économie de l’attention – Editorial Mai 2020
L’économie de l’attention – Editorial Mai 2020
De mémoire, Monsieur De Villepin aurait dit “Peu importe la réalité des faits, ce qui importe est leur perception”. J’ignore s’il a tenu ces propos et dans quel contexte ; ils n’en demeurent à tout le moins riches de réflexion. Les temps que nous traversons témoignent d’une concurrence accrue entre les médias. L’informatique et Internet a permis de créer des outils dont les coûts d’acquisition ne constituent pas une barrière à l’entrée du marché ; ajoutons ceux relatifs à la diffusion.
A titre d’exemple, avant notre monde numérique, il fallait passer par un imprimeur, une radio ou encore une chaîne de télévision. Aujourd’hui, il suffit d’un ordinateur portable, d’une imprimante, un site internet et de quelques connaissances qui relèvent plus de la pratique d’un utilisateur curieux que d’un ingénieur en programmation.
Aujourd’hui, chaque individu se trouve ainsi exposé du lever au coucher, n’importe où et quoi qu’il fasse, à de l’information. Le temps nous étant compté et les capacités de perception de nos cinq sens limités, il faudra trier ce que nous retiendrons. Consciemment ou non.
Cet excès de l’offre de l’information, y c. la publicité, entraîne la rareté de l’attention : « Dans un monde riche en informations, l’abondance d’informations entraîne la pénurie d’une autre ressource : la rareté devient ce que consomme l’information. Ce que l’information consomme est assez évident : c’est l’attention de ses receveurs. Donc une abondance d’informations crée une rareté de l’attention et le besoin de répartir efficacement cette attention parmi la surabondance des sources d’informations qui peuvent la consommer » [Herbert Simon, 1971]. Ce concept de l’économie de l’attention est un devenu un enjeu; la science économique s’y intéresse. Autrement dit, Dominique Wolton “Si tout le monde s’exprime, qui écoute ?”.
Il ne faut pas s’étonner de l’inflation d’informations et surtout de la surenchère dans l’émotion, suivant le vieux principe que la première impression est celle qui demeurera dans les esprits. Plus fort, plus rapide, plus souvent, plus original.
Appliqué à la communication, que peut-on en tirer ? Dans un prochain article, je reviendrai sur la politique des newsletters et des publications sur des plateformes telles que Linkedin où chacun y va de son commentaire et de son partage.